Il ne vous aura sans doute pas échappé que la noix de coco est en plein essor et que sa demande mondiale explose littéralement ! Les occidentaux que nous sommes commençons à cuisiner couramment avec et l’utilisons de plus en plus dans la fabrication de nos cosmétiques maison.

On retrouve ainsi la noix de coco sous de plus en plus de formes, toutes plus à la mode les unes que les autres :

  • la déshydratante eau de coco
  • la célèbrissime huile de coco
  • la toute nouvelle farine de coco
  • les nourrissants flocons de coco
  • le savoureux lait de coco employé pour tout bon curry
  • la poudre de coco et j’en passe…

La noix de coco est vraiment une culture qui regorge de bienfaits et un un produit prometteur (à en juger par le nombre d’articles dédiés au sujet sur internet) pour ceux qui cherchent à mener une vie plus saine et naturelle.

Mais quel est le coût environnemental de cette dépendance à l’huile de coco ? Est il aussi cher payé que celui que nous avons longtemps payé (et continuons de payer) pour l’huile de palme ? D’autres aliments santé qui sont devenus des “stars” ont vu leur réputation ternie par des problèmes sociaux et environnementaux.

Lorsque le quinoa est devenu un super-aliment du jour au lendemain, sa valeur a laissé les communautés locales boliviennes qui l’ont cultivé et mangé pendant plus de 7 000 ans dans l’impossibilité de se le permettre ! Le lait d’amande a pris le relais avec succès du soja sur le marché du lait alternatif, avant d’être inextricablement impliqué dans les sécheresses record de la Californie, qui ont amené les agriculteurs à pomper les réserves d’eau souterraine à des niveaux dangereux pour répondre à la demande mondiale…qu’en est il de la coco ?

D’où viennent les noix de coco et leurs produits dérivés ?

La noix de coco est originaire de l’Asie du Sud-Est côtière et se propage dans les tropiques par les courants océaniques et les migrations humaines.

Alors que les indigènes des tropiques ont vraiment exploité les nombreuses utilisations de la noix de coco et des arbres sur lesquels elle pousse, les Occidentaux ne demandent que quelques-uns des produits secondaires que cette culture peut produire (il est bien rare de voir un parisien avec une noix de coco dans son panier chez franc prix !).

Le séchage de la chair de la coco donne un produit appelé “coprah” qui est ensuite pressé pour en extraire l’huile de noix de coco. L’eau de coco quant à elle est obtenue à partir du liquide contenu dans les noix de coco jeunes et encore non matures. Et le lait de coco est extrait en pressant de la chair de coco fraîche.

Ces produits offriront ensuite aux consommateurs plus de choix dans leur quête au mode de vie healthy qu’ils recherchent. Un produit aussi polyvalent est vite qualifié de “superaliment”, mais que vaut vraiment la poule aux œufs d’or qu’est la noix de coco et quel est son coût sur l’environnement ?

Mode de transport

On le sait, le transport des aliments devient rapidement l’une des sources d’émissions de gaz à effet de serre dont la croissance est la plus rapide au monde. Les régimes alimentaires qui dépendent fortement d’aliments provenant d’autres régions du monde contribuent énormément à ces émissions. C’est malheureusement le cas de tous ces super aliments dont on nous vante monts et merveilles. Evidemment, si vous les consommez fraîchement et de manière locale, tout va bien….mais bien souvent, ce n’est pas le cas chez nous en France !

La noix de coco fait partie intégrante de cette catégorie.

A moins que vous ne demeuriez dans un pays tropical où les noix de coco sont cultivées localement, les noix de coco et les produits “dérivés” que vous utilisez proviennent sans doute d’endroits éloignés, généralement l’Indonésie, les Philippines ou l’Inde : principaux producteurs de ce produit.

Ainsi, votre utilisation de la noix de coco implique de par le fait une certaine quantité de combustibles fossiles pour le transport, mais je pense que vous vous en doutiez.

Une autre préoccupation est le fait que l’emballage est nécessaire pour augmenter la durée de conservation et faciliter le transport du produit. Les sachets Tetra pak, les bouteilles en plastique et les pots en verre nécessitent tous des intrants pour la fabrication et le transport. Et ils peuvent devenir une nuisance pour l’environnement lorsqu’ils ne parviennent pas à des installations de recyclage capables de traiter correctement les matériaux mis au rebut…coucou le continent de plastique !

La culture de la noix de coco et l’environnement

Les impacts négatifs de l’industrie de la noix de coco sur l’environnement peuvent également être attribués directement aux exploitations de cocotiers elles-mêmes.

Comme on le voit pour tant d’autres modes, la monoculture est devenue un problème dans les régions où l’on cultive des noix de coco. Au fur et à mesure que le cocotier vieillit, il devient moins productif. Cela motive les agriculteurs à planter de plus en plus de cocotiers pour maintenir un flux constant de produits capables de répondre à une demande croissante.

Cela génère le remplacement des plantes indigènes et de la biodiversité ce qui n’est pas sans avoir un impact majeur sur les sols, conduisant les agriculteurs à se tourner vers les engrais chimiques pour augmenter leur productivité.

Face à l’augmentation de la demande de production, certains gouvernements ont mis en place des plans pour subventionner les engrais chimiques destinés aux agriculteurs. Avec une alternative bon marché aux méthodes d’agriculture biologique, la protection de l’environnement peut être reléguée au second plan tandis que les agriculteurs se concentrent sur la réduction des coûts.

Comme dans toute entreprise agricole, l’introduction d’intrants chimiques menace la biodiversité locale ainsi que la santé du sol, de l’eau et de l’air.

La comparaison avec l’huile de palme, tenable ?

Le boom de la noix de coco aura-t-il un impact tout aussi destructeur sur l’environnement que l’huile de palme (une triste pensée pour tous ces orang outans) ?

Cela semble peu probable heureusement.

La raison principale est que les noix de coco ne se prêtent pas aussi facilement à une production de masse que les fruits du palmier à huile. Il faut en moyenne 10 à 30 ans à un cocotier pour atteindre sa production maximale, où il produira environ 400 noix de coco par an, et presque toutes ces noix de coco seront cueillies à la main, les arbres étant, heureusement, obstinément résistants à la coopération avec les machines.

En outre, environ 95% des cultivateurs de noix de coco restent de petits exploitants, en comparaison avec la production d’huile de palme, qui est détenue et contrôlée par une poignée de géants du secteur privé.

Mais l’huile de noix de coco n’est pas sans problème comme nous l’avons vu avec le transport, l’emballage et des modes de production toujours plus agressifs.

La plupart des noix de coco proviennent de l’Inde côtière, de l’Indonésie, du Sri Lanka, de la Birmanie et des Philippines. Les cultivateurs de noix de coco sont généralement pauvres et, sans surprise, les prix payés pour les produits de noix de coco dans les magasins bio en France et en Europe n’atteignent pas les producteurs : on estime que le producteur moyen de noix de coco philippin gagne 1 dollar par jour.

Un grand avantage toutefois de l’huile de noix de coco, c’est qu’elle a été popularisée par le mouvement des aliments naturels plutôt que par l’industrie des aliments transformés, il existe donc de nombreuses marques offrant des options de commerce équitable et biologique. Ces marques éthiques ont également tendance à produire de l’huile de noix de coco vierge pressée à froid, qui est extraite sans utiliser de chaleur, ainsi l’huile conserve davantage ses propriétés santé et son goût naturellement sucré et noiseté.

Alors, que faire ?

L’huile de coco n’est peut-être pas la nouvelle huile de palme, mais peut-être ne devrions-nous pas l’utiliser pour absolument tout et n’importe quoi, d’autre part, il convient de bien la choisir.

En tant que consommateurs français, nous sommes bien loin de la chaîne de production de la noix de coco, et nous n’imaginons pas toujours l’impact que peut avoir l’achat d’une bête bouteille d’eau de coco par forte chaleur.

Mais le meilleur choix reste encore de s’abstenir complètement d’utiliser d’une manière ou d’une autre cette culture, ainsi on ne participe pas à la hausse de la demande.

À l’instar d’autres cultures comme le café et les bananes, la noix de coco ne s’intègre pas exactement dans un régime alimentaire et un régime de soins personnels entièrement soutenus à l’échelle locale si c’est ce que vous visez.

Cependant, tout le monde n’est pas prêt à rejeter complètement les cultures internationales. Si vous êtes toujours intéressé à profiter des avantages de la noix de coco, voici quelques conseils simples pour faire de votre choix un choix respectueux de l’environnement, autant que possible :

  1. Achetez bio : l’achat de produits à base de noix de coco certifiés biologiques permet de s’assurer que l’écologie locale et la population n’ont pas été mises en danger par les engrais chimiques et les pesticides. Scrutez les labels et les certifications !
  2. Achetez équitable : de nombreux fournisseurs de noix de coco reçoivent une certification de commerce équitable, ce qui indique non seulement que les agriculteurs reçoivent une juste compensation, mais aussi que leurs méthodes agricoles prennent en compte la durabilité environnementale. Parce qu’ils sont mieux payés, les agriculteurs sont moins susceptibles d’envahir les cultures de noix de coco en monoculture et de détruire la biodiversité locale.
  3. Faites vos devoirs : prenez le temps de faire vos recherches sur la marque ou l’entreprise dont vous comptez acheter les produits à base de noix de coco pour savoir si vos préoccupations morales sont conformes ou non à leurs pratiques commerciales. Notez s’ils font preuve de transparence dans leur chaîne d’approvisionnement et assurez-vous qu’ils sont dignes de votre argent et de votre dévouement en tant que consommateur. L’application buyornot vous aidera par exemple.
  4. Soyez sensible à la cause écologique :  optez toujours pour l’emballage le plus écologique qui soit et cherchez toujours à réduire les emballages (les flocons de noix de coco se prennent en vrac au magasin bio du coin par exemple).
  5. Évitez tout produit industriel mentionnant : “huiles végétales hydrogénées” “huile végétale partiellement hydrogénées”, “matières grasses végétales” ou “huile de coco désodorisée”.

En conclusion, la noix de coco est un très bon produit, plein de bienfaits, je ne remets pas cela en cause. Elle peut vraiment être considérée comme une bénédiction étant donné sa polyvalence d’utilisation et ses avantages. Assurez-vous simplement de prendre en considération l’histoire de vos produits à base de noix de coco afin que la planète et ses habitants ne souffrent pas des conséquences de vos choix.

Les initiatives saluables : 

cocoboys.bio : de la noix de coco fraîche bio et Europe