S’il y a bien une catégorie d’entreprises qui peut jouer un rôle néfaste dans sa capacité à financer des projets qui ont un impact environnemental, commercial ou social négatif, ce sont bien les banques.

En effet, de nombreuses associations n’ont pas manqué de souligner ces dernières années la manière dont certaines ne prenaient nullement en compte la dimension éthique de leur investissement, notamment dans leur activité de financement ou de spéculation relevant du secteur des énergies fossiles.

Bien qu’il soit difficile d’échapper à cette participation – rappelons que c’est avant tout avec notre épargne que les banques réalisent ce type d’investissement, il est toutefois possible de limiter la casse en s’orientant vers et des établissements qui ont une conscience éthique et responsable beaucoup plus prononcée, et ce partout en Europe.

Un impact concret de la part des banques sur la planète

Récemment, l’association les Amis de la Terre a publié une enquête afin de démontrer la manière dont les banques françaises étaient impliquées à travers leurs investissements dans le financement d’activités qui ne respectaient pas les droits humains. Cette enquête mettait par exemple en exergue le financement du projet de pipeline Dakota Access, où les banques françaises avaient uniquement pris en considération la donnée économique du projet sans se soucier nullement de considérations liées par exemple au développement durable ou à l’éthique en général, en investissant ainsi des sommes colossales, uniquement mues par le profit.

Aussi, si l’on prend en note la manière dont les banques investissent, on constate que leur responsabilité dans des problématiques comme le réchauffement climatique, l’accroissement des inégalités Nord-Sud ou encore la limitation du commerce équitable est indiscutable. Il faut rajouter à cela que le travail des associations est complexe afin de pouvoir évaluer le degré d’éthique d’une banque étant donné qu’avec la complexité de l’ingénierie financière mise en place par les établissements il est très difficile de retracer leurs investissements avec précision. Sans parler de leurs investissements sur les marchés financiers qui appellent à des montages complexes qu’il est difficile de déchiffrer. Il est aussi très difficile d’avoir accès à la liste de leurs investissements, car tout cela est évidemment caché par les banques.

Le discours des banques sur l’éthique : une hypocrisie ?

Toutefois, on note une volonté de certaines banques mais également de la Fédération Française des Banques d’essayer d’améliorer concrètement la situation. Il est difficile de pouvoir vérifier, pour les raisons énoncées ci-dessus, quelles sont les actions concrètes des banques et ainsi déterminer si les grands discours prononcés lors des colloques ne sont pas juste des campagnes de communication destinées à redorer leur image…

Par exemple, après la multitude d’enquêtes qui démontraient leur rôle néfaste à travers leurs investissements dans les énergies fossiles, le secteur bancaire avait annoncé sa réelle volonté de se désinvestir de ce secteur. Cependant, dans les faits, on constate par exemple que des banques comme la Société Générale ou encore le Crédit Agricole étaient encore impliquées dans des projets de centrales à charbon dans des pays comme l’Indonésie l’année dernière…

Aussi, entre la réalité des efforts fournis et la volonté de faire du bénéfice, il est fort à parier que ce soit le second angle qui soit encore prioritaires dans l’esprit des actionnaires des banques, et encore pour longtemps.

Des initiatives intéressantes qui donnent espoir

classement des risques environnementaux des banquesAussi, il existe en France un classement réalisé concernant l’empreinte carbone des banques qui permet de pouvoir vérifier quelles sont les banques les plus polluantes.

Dans le trio de tête, on retrouve par exemple des banques comme La Nef, le Crédit coopératif ou encore la Banque postale, qui sont les 3 meilleures banques concernant ce type de problématique.

L’exemple de la NEF (Nouvelle économie Fraternelle)

Ces banques se sont données comme mission de pouvoir concrètement participer à la mise en œuvre d’une finance solidaire, écologique et d’utilité publique à travers le financement de projets qui s’inscrivent dans ces problématiques. Et elles le prouvent au quotidien.

En effet, en matière d’actions concrètes et vérifiables, la NEF a par exemple annoncé sa volonté de ne pas financer le secteur des énergies fossiles mais également qui serait lié aux agro-carburants ou encore nucléaire. Pour convaincre le grand public de sa détermination, la NEF publie chaque année un rapport qui vise à détailler l’intégralité de ses activités de financement afin que le grand public puisse vérifier par lui-même que ses actions sont orientées vers plus d’éthique et ne financent pas ce type d’activité.

Une véritable révolution.

Ainsi, elle a par exemple débloqué 1,6 million d’euros de prêts en direction de l’agriculture biologique mais également plus de 600 000 € pour l’habitat écologique. Parmi les autres prêts qu’elle octroie, on remarque qu’elle vise concrètement à favoriser des projets sociaux et culturels mais aussi sur tout ce qui relève de l’écologie et du commerce équitable au sens large.

L’exemple du Crédit Coopératif

Le Crédit Coopératif est également l’une des banques les plus importantes concernant le financement de l’économie sociale et solidaire. Elle comporte plus de 300 000 clients et environ 45 000 sociétaires. Elle s’est récemment distinguée par la mise en place de produits bancaires étiques.

On peut par exemple citer les comptes courants « Agir » qui visent à financer l’économie sociale et solidaire, un peu à l’instar des comptes à terme de la NEF dont les intérêts vont directement à des associations comme par exemple Amnesty International. Toujours concernant le Crédit Coopératif, c’est aussi elle qui avait mis en place il y a quelques années la taxe Tobin, c’est-à-dire la contribution volontaire concernant les transactions de change. Cette contribution à hauteur de 0,01 % sur le montant des opérations de change a été conçue avec comme but d’être distribuée à des projets écologiques dans le monde entier.

En Europe, on peut citer le cas de la banque coopérative allemande GRS, qui s’est récemment illustrée en attribuant 2 milliards d’euros de prêts à des projets de production d’énergie renouvelable. Il existe également d’autres banques éthiques dans les autres pays européens comme par exemple la banque Merkur au Danemark ou encore la Banca Etica en Italie. Une dynamique qui n’est donc pas uniquement cantonnée à la France mais qui a bien un écho européen et international.

Bien que ce type d’initiatives soient encourageantes, elles constituent encore des démarches marginales si l’on prend en considération l’ensemble des encours financiers qui sont mobilisés en direction de projets non-éthiques.

Il faudra encore attendre bon nombre d’années, et l’action plus vive encore d’associations de consommateurs et de citoyens, pour que les banques puissent véritablement s’engager pour un monde plus étique. Cette évolution ne pourra se faire sans le concourt des citoyens qui sont évidemment la force la plus importante qui peut faire pression envers les banques pour faire évoluer la situation.