Commerce équitable

plus qu’un simple métier

Le commerce équitable, où en est-on aujourd’hui?

Nous mangeons tous. Cependant, les modes de fonctionnement qui régissent l’échange actuellement ne sont satisfaisants ni pour les agriculteurs, ni pour les consommateurs.

Nous générons l’abondance de denrées mauvaises pour la santé, rendant les consommateurs malades, détruisant l’environnement et laissant les agriculteurs dans la précarité.

Le système alimentaire industriel a fait pencher la balance en faveur des mauvais acteurs. Aujourd’hui, les petits agriculteurs et leurs communautés à travers le monde s’organisent et les consommateurs se joignent au mouvement afin que les profits cessent de s’accumuler dans les mains de multinationales qui surexploitent et reviennent vers les personnes.

C’est ce que l’on appelle le commerce équitable.

Définition du commerce équitable

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Échange international

Il s’agit d’un mouvement à l’origine de petits agriculteurs et producteurs qui s’organisent pour modifier les termes des échanges internationaux, accéder à la place de marché mondiale et améliorer la vie de leurs familles et de leurs communautés.

Marché

Sur cette place de marché, les grandes multinationales ont énormément de pouvoir et ce pouvoir a un impact dramatique sur les agriculteurs qui cultivent ce qui nous nourrit tous les jours.

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Marché international

Imaginons que vous soyez un petit agriculteur d’Amérique du Sud, d’Afrique ou d’Asie; que vous fassiez pousser du café, du cacao, de la quinoa ou du coton et que vous vouliez vendre votre produit sur le marché international.

Emprunt

Vous êtes alors en concurrence directe avec des cultures de masse appartenant à des grands groupes qui reçoivent des subventions de l’Etat, ont l’accès facile à l’emprunt et peuvent profiter de coûts moins élevés grâce à leur taille.

Prêts

Comme vous n’avez pas accès à l’emprunt et que vous vendez des quantités relativement petites, vous devez vendre vite et à n’importe quel prix.

Intermédiaire de marché

Vous êtes donc obligés de passer par un intermédiaire de marché qui propose de payer moins que ce que vous a coûté votre culture. N’ayant pas le choix, vous vendez à perte ; d’autres agriculteurs et vous-mêmes êtes chassés passivement de vos terres.

La solution ?

Les politiques gouvernementales

C’est à cause de ce phénomène que les agriculteurs de petite taille ont commencé à s’organiser afin de partager de l’information et des services, négocier des prix communs, accéder à l’emprunt et demander des politiques gouvernementales pour mettre fin à ce cycle d’exploitation.

Agriculteurs et commerçants

Les cultures de grande taille auxquelles elles doivent faire face ont le soutien des gouvernements, des banques et des multinationales. Les organisations de petite taille avaient elles aussi besoin de soutien et l’ont trouvé dans le mouvement de commerce équitable : les agriculteurs et les traders se sont mis d’accord sur un certain nombre de principes qui permettraient de créer des relations directes et à long terme entre les négociants et des petites cultures démocratiques.

Des relations basées sur le dialogue, la transparence et le respect

Les traders ont accepté de payer des prix durables et avant l’arrivée du produit afin de donner aux agriculteurs les revenus dont ils ont besoin et ont même accordé des bonus aux projets communs.

Grâce aux prix plus élevés, les agriculteurs ont pu s’engager à appliquer des pratiques de culture durables. Le commerce équitable inclut dans un premier temps la réalisation de nombreux produits comme :

  • le café
  • le chocolat
  • la quinoa et d’autres graines
  • le beurre de karité
  • les produits de beauté
  • l’huile de noix de coco
  • le coton
  • les huiles essentielles
  • le thé
  • la spiruline
  • certains nouveaux produits de soin comme le cbd
  • etc..

Le commerce équitable s’avère être le puissant moteur d’un changement. Les agriculteurs sont valorisés sur la place de marché et sont habilités à rendre des services sociaux que leurs gouvernements devraient fournir.

Des millions ont été réinvestis dans le développement de communautés, pour des projets divers, l’éducation, la santé, l’assainissement de l’eau et l’infrastructure.

Les efforts des petits agriculteurs sont bénéfiques pour nous tous : ils font pousser 70% des aliments mondiaux en utilisant souvent des méthodes traditionnelles et bio qui protègent l’environnement.

L’histoire et les grands noms du commerce équitable

Même si l’on entend parler du commerce équitable depuis assez récemment (les vingt dernières années), il faut savoir que l’idée a plus d’un siècle et demi (!) En effet, le terme est employé pour la première fois à la fin du XIXè siècle dans un roman d’Edouard Douwes Dekker dont le titre vous dira certainement quelque chose : Max Havelaar, nom du héros. C’est d’abord au milieu du XXè siècle qu’apparaissentt les premières alliances de commerce équitable et le tout premier slogan « Trade, not Aid » sera prononcé à l’ONU en 1968. L’année suivante, les premiers magasins proposant des produits issus du commerce équitable ouvriront leurs portes en Angleterre et aux Pays-Bas. Il faudra attendre le milieu des années 1970 pour inaugurer le premier « Magasin du Monde » français.

A la fin des années 1980, le logo Max Havelaar voit le jour aux Pays-Bas afin de pouvoir se sortir des circuits de distributions fermés et éclater aux yeux du grand public. De nombreuses alliances et organisations se créent dans la dernière décennie du XXè siècle avec notamment en France l’apparition en 1997 de la Plate-Forme pour le Commerce Equitable (PFCE). Différents labels permettent d’identifier les différents acteurs du commerce équitable. Même si certaines différences existent entre ces labels, il est important de noter que pour tous, les points que nous avons évoqués plus haut sont valables, à savoir que l’on parle alors d’un commerce dans lequel les prix fixés sont justes pour les producteurs, que la transparence est de mise entre les différents acteurs, et enfin que les cultures sont respectueuses de l’homme et de l’environnement.

80% des labels concernent d’ailleurs des produits alimentaires. Le volet environnemental a également sa part de poids sachant qu’en 2014, on considère que 70% du chiffre d’affaires généré par le secteur est engendré par des produits qui sont équitables tout en étant bio. Deux points communs rassemblent les différents labels français : le prix « juste » permet de couvrir au minimum les dépenses qu’ont engendré les coûts de production, ce qui permet d’établir un équilibre entre les producteurs et l’acheteur de produits. Les partenariats sont établis sur la durée, ce qui permet aux agriculteurs d’éviter les situations précaires. les projets collectifs ouvrent les droits à la réception d’une prime perçue par les organisations de producteurs et leurs membres. L’organisation recevant la prime est par ailleurs choisie par une instance tierce qui est impartiale, indépendante et démocratique.

Quels sont les principaux labels de commerce équitable et leur cahier des charges?

Les grands noms du commerce équitable se retrouvent chez Fairtrade Max Havelaar, Biopartenaire, Ecocert Equitable, le Symbole des Producteurs Paysans et World Fair Trade Organization.

Certaines particularités permettent de regrouper les labels en différentes sous-catégories. Quelques exemples :

  • Fairtrade Max Havelaar, Symbole des Producteurs Paysans et World Fair Trade Organization regroupent seulement les producteurs de « pays du Sud » tandis qu’Ecocert et Biopartenaire acceptent les producteurs Français également.
  • Max Havelaar, Ecocert Equitable et Biopartenaire regroupent des plantations et des cultures indépendantes d’origine contractuelle tandis que les autres labels se limitent uniquement aux organisations de producteurs.
  • Le Symbole des Producteurs Paysans a son propre cahier des charges. Ce dernier est la propriété des petits producteurs faisant partie d’organisations se situant en Amérique Latine.

On note donc que certaines petites différences peuvent exister entre les labels et que certains d’entre-eux peuvent avoir leur particularités, même si l’objectif global commun reste sensiblement le même.

En tout état de cause, et de manière générale, il est important de savoir que les cahiers des charges intègrent tous les règles qui régissent l’Organisation Internationale du Travail mais également des exigences qui permettent aux salariés d’accéder à des situations sociales convenables : retraite, congé maternité ou sécurité sociale, par exemple.

Enfin, il faut savoir que pour l’ensemble des labels, l’attribution est faite par une organisation tierce qui permet de garantir l’indépendance, le respect du cahier des charges et des différentes exigences.

Diversification des produits

Tandis que les balbutiements du commerce équitable ont vu naître notamment des organisations de paysans, et notamment les producteurs de denrées comme le café, de plus en plus de produits sont aujourd’hui concernés par le commerce équitable.

Les Américains ont vu naître des partenariats avec l’Inde dans l’industrie du textile, par exemple (d’autres partenariats avec le Pakistan et d’autres pays Asiatiques concernent les tapis).

Un produit a également fait beaucoup de bruit lors de sa sortie : le FairPhone : premier smartphone éthique au monde. Nous savons que les produits high-tech (et notamment les ordinateurs et les smartphones) font l’objet d’emploi de matériaux non durables, de l’exploitation de travailleurs dans les pays du tiers-monde et des politiques de recyclage totalement désastreuses. Le FairPhone promet(tait) de mettre fin à tout cela en créant un téléphone durable et qui respectait ses sous-traitants, par exemple.

Le commerce équitable dans la controverse

La toute première controverse apparait dans les années 1990, quand le commerce équitable essaie de se faire connaître du grand public. Les plus puristes estiment que ce « coup de pub » est sponsorisé par les grandes multinationales que l’on soupçonne d’essayer de s’emparer des différents labels afin de poursuivre leur course à la rentabilité.

« Le commerce équitable favorise uniquement les supermarchés »

On reconnaît les intentions honorables du mouvement mais les bénéfices pour les producteurs des pays du Sud ne sont pas assez importants. La racine du commerce équitable se situait, à ses débuts, dans l’éthique et le développement de l’agriculture juste dans les pays du Sud.

Et c’est de moins en moins le cas.

Les labels sont accusés de n’être bénéfiques que pour la grande distribution afin que cette dernière puisse se positionner sur un marché grandissant et continuer de faire du bénéfice. Certaines organisations appellent donc à une re-qualification des différents labels et une mise à jour du mouvement en entier.

« Le commerce équitable est un mouvement injuste qui sert les riches »

Selon certains, l’étroitesse du modèle favorise l’Amérique Latine plus que l’Afrique et l’Asie et accéder à ces labels est trop loin de portée pour la plupart des pays en voie de développement.

En effet, la distribution des gains du commerce équitable le rendent inaccessible pour de nombreuses organisations d’agriculteurs : il y a d’abord le coût de certification qui est le même indépendamment de la situation financière d’un pays (difficile de comparer le Brésil au Botswana…) et il y a ensuite le fait que la structure de prix favorise les organisations de producteurs de grande taille aux plus petites.

En définitive, le commerce équitable reste un mouvement louable, mais de nombreuses mises à jour s’imposent pour le rendre réellement équitable. Ce site sera l’occasion de saluer les initiatives, parler des tendances et des marques qui innovent, et traiter de l’actualité du fair trade dans sa grande majorité.